Présentation de l’éditeur
« Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse – combien tardive – de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu’il aima, aussi brièvement qu’ardemment, d’un amour impossible.
Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d’attention émerveillée à la nature sauvage.
Ce beau et puissant roman se lit d’une traite, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un éleveur de brebis islandais, d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.
Avis
Un livre court sous la forme d’une longue lettre d’un vieil homme proche de la mort à celle qu’il a aimée. Grâce à ses « confessions », on découvre leur histoire, leur vie et surtout ses sentiments.
Poétique, presque lyrique par moment, il peut également être cru, la lettre se veut d’un seul jet, elle se lit presque d’une traite. On ressent l’amour qu’a éprouvé cet homme, mais aussi sa culpabilité, son sens du devoir, car cette femme n’était pas la sienne. Ainsi dans sa maison de retraite, Bjarni Gislason écrit à Helga, lui déclare sa flamme et explique ses différents choix. Mais plus qu’une simple lettre d’amour, on y lit également un véritable attachement à sa région islandaise, à ses moutons et son métier de berger, à la tradition familiale, un témoignage sur l’évolution du rythme de vie, montrant le changement de vie qui a eu lieu entre la génération des personnes de 80 ans et celles de 20 ans dues entre autre aux changements de métiers, de technologies …
Plus on découvre le vieux Gislason, plus on le trouve touchant, plus on s’attache à lui, plus sa simplicité, sa mise à nu nous émeut. Quoi de plus beau que la banalité ? Cet homme n’a rien fait d’exceptionnel, il n’a pas accompli de miracle, il n’a pas fait de découvertes qui ont révolutionné notre façon de vivre, il a « juste » vécu sa vie, il a aimé, il est resté fidèle à ses convictions, il a suivi son chemin, son destin, et avec cette histoire banale, on est accroché aux pages, à la lecture de cette longue lettre. On sent tout le coeur qui a été mis, on voit bien qu’il s’agit d’une lettre confession, il révèle tout, il parle de tout sans se cacher, que ce soit très personnel, honteux ou déjà connu, tout est abordé.
Voici donc un témoignage d’amour touchant, poétique, qui nous enivre. La chute permet de donner un coup de cœur à ce roman, de nous achever émotionnellement.
Une fois de plus, les éditions Zulma nous proposent un petit bijou !
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