Présentation de l’éditeur
« On peut bien dire qu’on est malheureux, mais on ne peut pas dire le malheur. Il n’y a pas de malheur dans le mot malheureux. Tous les mots sont secs. Ils restent au bord des larmes. Le malheur est toujours un secret. »
Avis
« Le médecin et l’écrivain font le même métier: ils lisent des signes. Que ces signes soient émis par le corps ou par le monde, il s’agit toujours de les déchiffrer et de les interpréter. Pour soigner comme pour écrire, il faut avoir un regard aigu, une sensibilité aux signes les plus subtils et une grande capacité à les réfléchir. L’écrivain possède un avantage: il a le temps. Le médecin, lui, doit, en outre, être rapide. »
Camille Laurens raconte ici l’histoire du décès de son fils, mort quelques heures après sa naissance. Roman très court divisé en chapitre désignés par des verbes tels que « souffrir » où l’auteur nous expose ses souffrances justement, nous raconte en partie le drame tout en nous confiant ses pensées du moment … Cette première partie est davantage sur le ressenti, sur les sentiments, il y a une sorte de pudeur dans le raconté, on est pris par la douleur de cette femme qui perd son enfant alors qu’elle le découvre à peine.
Ce livre ne raconte pas seulement le deuil des parents, celui de la mère, il explique également les étapes de l’accouchement et les erreurs médicales vraies ou supposées. Dans cette deuxième partie, le fil devient plus technique, on évoque davantage le milieu hospitalier et surtout le médecin « incapable de lire un moniteur » qui semble avoir fait de nombreuses erreurs qui ont conduit Philippe à la mort. On comprend que cet obstétricien par son inaction est en quelque sorte coupable de la perte du premier fils. Les souvenirs du choix du médecin sont évoqués, on sent une colère envers les amis qui leur ont conseillé cet homme. Le chapitre suivant évoque davantage les réactions des autres : doit-on faire semblant qu’il ne s’est rien passé ? Que la grossesse n’a jamais eu lieu ? Les remarques pour dire que c’est « moins grave » de perdre un enfant qui vient de naître qu’un « vrai » enfant de plusieurs années, le ressenti face à ces phrases.
Le livre s’achève par le chapitre « écrire » qui explique pourquoi avoir fait ce livre, dans quel but, mais aussi de façon plus générale, on évoque le pourquoi de l’écriture.
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