Présentation de l’éditeur
Par une belle journée d’été, Margaux Fragoso rencontre Peter Curran à la piscine de son quartier, et ils commencent à jouer. Elle a sept ans; il en a cinquante et un. Quand Peter l’invite chez lui avec sa mère, la petite fille découvre un paradis pour enfant composé d’animaux exotiques et de jeux. Peter endosse alors progressivement, insidieusement, le rôle d’ami, puis de père, et d’amant. Charmeur et manipulateur, Peter s’insinue dans tous les aspects de la vie de Margaux, et transforme l’enfant affectueuse et vive en une adolescente torturée.
Avis
La première fois que j’ai vu Tigre, Tigre ! j’ai trouvé sa couverture vraiment belle, intrigante. Je n’avais pas lu la 4e de couv … Quand j’ai lu la 4e de couv, je me suis dit «oh mon dieu … ça doit être terrible ». C’est peut-être un peu moins difficile que ce à quoi je m’étais attendue car assez passionnant et intéressant de voir cette vision de la pédophilie, c’est une approche que l’on voit assez peu couramment. Margaux parle de cet homme, Peter, de comment elle le rencontre, comment il l’a « séduit » et abuse d’elle. Mais elle ne parle pas que de ça, elle raconte son environnement familial absolument horrible entre une mère malade psychologiquement et un père snob à l’extrême, violent. On comprend que cette petite fille ait été attirée par cet homme qui jouait avec les enfants, qui semblait prendre soin d’eux.
On commence le livre en sachant déjà la fin, ça nous est annoncé dès la dernière page : Peter aura une influence sur Margaux jusqu’à ses 22 ans, jusqu’à ce qu’il se suicide à l’âge de 66 ans. Ils font connaissance alors que Margaux n’a que 7 ans … Elle ira chez lui deux soirs par semaine pendant des années, tout le monde savait mais personne n’intervenait peut-on dire.
Il y a des moments particulièrement terribles, quand Margaux raconte les fantasmes de Peter, son envie qu’elle l’appelle papa, qu’elle lui dise « oh viole-moi » et pire encore. Peter apparaît quelque fois vraiment sous le jour de l’homme malade, il semble se rendre compte de son problème des fois et tente de fuir Margaux, lui disant qu’il lui a volé plusieurs années et qu’il ne veut pas l’abimer davantage. Margaux le recherche à nouveau … On voit ce qu’une assistante sociale qualifie de syndrome de Stockholm, en est-ce réellement un .. ? Peter est totalement fou de Margaux, au sens propre, ce n’est plus de l’amour à ce niveau là, c’est vraiment une passion totale. Il se moque de son âge, il est incapable de tenir ses promesses et de ne plus l’approcher, il est malade. On voit bien les déclarations qu’il est capable de faire à une petite fille de 8 ans.
« Je t’aime tellement, Margaux, tu ne comprends pas. Margaux, Margaux. Tu es unique au monde. Personne ne te ressemble, personne au monde. Tu as été créée pour moi. Tu es mon ange gardien. Tu es mon amour. Ce n’est pas mal de t’aimer, pas quand l’amour est si beau. Ce n’est pas mal d’aimer quelqu’un de si beau. Nous sommes faits l’un pour l’autre ; oublie ce que racontent les autres. Oublie tout : nous sommes les deux seules personnes qui comptent dans ce monde : toi et moi. »
Il la persuade de passer au niveau sexuel en lui disant que c’est normal, que c’est ça être la femme d’un homme, qu’elle doit lui faire plaisir (sinon il boude), Margaux finit par exprimer qu’elle a l’impression de n’être « qu’une poupée gonflable » pour lui, il lui fait regarder des films pornographiques, qu’elle connaît par cœur, au point de considérer les actrices comme des amies. Les passages les plus difficiles sont ceux où il abuse d’elle, où l’on apprend qu’elle n’a pas été la seule victime …
Ce qui m’a le plus gênée dans ce récit au final est le fait que ce soit Margaux qui nous raconte son histoire, elle ne le juge pas, elle ne nous permet pas de le juger de façon totalement négative. On n’y parvient pas, la narratrice trouve toujours des excuses, le « pardonne ». J’aurai aimé qu’elle développe un peu plus l’après mort de Peter aussi, mais peut-être n’était –elle pas capable de le faire actuellement ?
Tigre, tigre ! Margaux Fragoso
Un livre qui m’a l’air assez terrible. Il est dans ma wish.. J’adore les autobiographies violentes comme ça. Surtout qu’il a l’air assez particulier dans le sens où Margaux a l’air de s’attacher à son bourreau contrairement à d’autres filles qui ont vécu la même chose. Peut être y a-t-il une notion du syndrôme de stockholm ?
Je le lirai..
Oui, une assistante sociale dit que Margaux est victime du syndrome de Stockholm 🙂 Si tu le lis, n’hésite pas à faire part de ton ressenti !
L’après-mort , on le devine dans les remerciements,j’ai eu l’impression!!!
Des ateliers d’écriture, des aides diverses…Sous-entendus mais Margaux parait entourée!!
Pour moi, c’est une nouvelle vie qui commence qui lui est personnelle.
non?
Ton billet est très juste et j’y retrouve un peu de mon ressenti.
Quelle lecture!
Oui bien sur, mais bon, que veux tu, j’aurai voulu finir sur une note un peu plus positive, savoir comment elle avait surmonté ça 🙂
Tu résumes très bien avec ton « quelle lecture ! » ^^ Lire du plus léger fait du bien !
oui…Bonne lecture pour les livres suivants.
Merci pour ces échanges.
J’apprécie beaucoup.
C’est réciproque 🙂 On se retrouvera surement sur d’autres livres d’ailleurs puisque ce n’est pas le premier en commun ^^
Tu enchaines avec quoi d’ailleurs ?
J’ai été étonnée de voir avec quelle facilité ce livre se laissait lire malgré ce sujet terrible !
J’en suis ressortie perturbée et pleines de questions !
Oui, c’est exactement cette sortie du livre. Mais c’est intéressant les livres qui nous font réfléchir comme ça !
Comme toi j’ai beaucoup aimé ce roman poignant, dérangeant, mais tellement important et intéressant!
Oui c’est très intéressant de voir son point de vue, on en croise rarement !