
La porte de la salle de bain, Sandrine Beau
Sandrine Beau signe ici un récit court et poignant sur la pédophilie et la puberté. Comme tous les romans de la collection Ego chez Talents Hauts, voici un roman marquant sur un thème difficile et finalement assez peu abordé dans la littérature jeunesse.
Mia est une jeune fille qui attend avec impatience la puberté et surtout d’avoir (enfin) des seins. Sauf qu’à partir du moment où ses seins commencent à pousser, les choses deviennent compliquées à gérer, à encaisser. Le regard des gens changent sur elle, mais surtout le regard du copain de sa mère se montre plus insistant. Il se permet même d’entrer (régulièrement) dans la salle de bain lorsque Mia prend sa douche.
Comment arrêter un beau-père intrusif lorsqu’il retourne les règles de la maisonnée contre nous ? Comment convaincre que le regard du beau-père est malsain ? Comment passer outre et continuer de grandir normalement ?
Toutes ces questions sont abordées à travers les presque cent pages de Sandrine Beau. On s’attache rapidement à Mia, dont la pureté et la naïveté du début nous émeuvent, voire nous rappellent l’enfance. Puis page après page on angoisse pour elle, on ressent son malaise, son désarroi et son impuissance. Avec des mots simples, l’auteure nous fait frissonner, nous transmettre les émotions de Mia. J’ai beaucoup aimé le parti pris de l’auteur de ne pas nous donner une héroïne forte, prête à se battre contre son beau-père mais au contraire de nous présenter une jeune fille qui ressent de la répulsion envers l’homme qui vit chez elle. De façon douce, une leçon entre, l’intimité est un droit. Il est nécessaire que chacun puisse la posséder et qu’elle soit respectée.
On ne peut qu’espérer que des romans comme ceux-là pousseront les victimes à évoquer le sujet, à faire connaître leur propre désarroi. Sandrine Beau signe un roman court à la maîtrise parfaite de la tension qui monte au fur et à mesure à travers les pages, les lignes. On passe d’un roman plutôt léger sur la puberté à un roman noir traitant de pédophilie sans en ressortir plomber pour autant.
Une très jolie découverte pour ce roman à distribuer largement.


2 commentaires
Livresse des Mots
Une chronique qui donne des frissons… ça a l’air d’être un très beau titre, fort et intense comme je les aime.
Loucy
Je suis contente si ça transmet les frissons ! 🙂 Il est vraiment chouette, lis le <3