Poison City

Poison city est le nouveau manga de Tetsuya Tsutsui, manga en seulement deux tomes et qui permet d’aborder des thèmes compliqués comme la censure et ses dérives. Cette histoire a d’ailleurs une consonance personnelle pour l’auteur, car il l’a imaginée après avoir découvert que son manga Manhole était censuré dans la préfecture de Nagasaki (l’oeuvre était considérée comme nocive pour les mineurs pour incitation considérable à la violence et à la cruauté chez les jeunes). Il n’était pas au courant, ni son éditeur et n’ont donc pas pu se défendre pour contester cette décision. Poison city résonne donc comme une réponse à ce fait pour la liberté d’expression et peut se lire comme un appel à se méfier des dérives de la censure.

Nous sommes en 2019, alors que le Japon s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques, le pays décide de faire place nette et met en œuvre une politique de puritanisme. Ainsi, tous les modes d’expression sont observés et analysés désormais : bandes-dessinées, mangas, jeux vidéo, cinéma … Nous suivons plus particulièrement Mikio Hibino, un nouveau mangaka d’une trentaine d’années, qui écrit son premier manga dans ce contexte particulier. Malheureusement pour lui, il se lance dans un récit d’horreur réaliste qui va attirer l’attention sur lui et son oeuvre.

Pour le lecteur, c’est assez génial de lire deux histoires en une, surtout quand c’est aussi bien conçu. D’un côté, on suit l’histoire de Mikio et sa découverte du nouveau monde éditorial (quelles sont les astuces pour tenter d’éviter la censure, qu’est-ce que la censure etc.) et de l’autre, on entre dans le manga créé par Mikio. On suit donc en partie un manga très personnel de Tetsuya Tsutsui qui rappelle sa propre histoire, en développant bien sûr les dérives de la censure. Un point historique est également ajouté, mettant en valeur ce qui a eu lieu aux Etats-Unis des décennies auparavant avec le comic, où les bandes-dessinées américaines étaient elles aussi diabolisées.

Cette série courte nous laisse sans voix à son dénouement, on reste soufflé par cette conclusion et surtout on se plonge dans une réflexion sur la censure qui peut déjà avoir lieu et sur le bashing dont les jeux vidéo, mangas et bd sont souvent victimes (=> il a commis un crime => c’est normal, il jouait / lisait des mangas). Tetsuya Tsutsui nous livre ici un manga personnel qui nous plonge dans l’univers du manga et surtout développe un plaidoyer en faveur de la liberté d’expression. Un manga à ne pas louper, tant pour ses thèmes forts, les réflexions qu’il transmet mais aussi pour les graphismes (comme toujours) magnifiques de Tsutsui !

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Loucy

Cyrielle, Bibliothécaire de 28 ans, blogueuse. J'aime lire (sans rire), les pingouins, les films, la musique (en jouer, en écouter), la noix de coco & la vanille. Mais surtout vous êtes sur mon bébé : Lou lit là, mon blog pour échanger autour de la lecture.

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