Voilà un moment que je tournai autour de Pardonne-moi, Leonard Peacock. Je crois que je l’ai repéré un peu avant sa sortie, je me suis reffrénée et j’ai patienté jusqu’à le recevoir au boulot. Là encore je lui ai laissé une chance de sortir avec les ados en priorité, puis voyant qu’il m’attendait, je l’ai dévoré. Et j’ai bien fait.
Nous suivons donc Leonard Peacock (logique), ado qui fête son dix-huitième anniversaire sans que personne ne lui souhaite. Ca semble triste dit comme ça, mais rassurez-vous il s’est prévu un cadeau … Ou plutôt en a prévu pour certaines personnes. Aujourd’hui est le jour où il va tuer Asher Beal son ancien meilleur ami et se suicidera ensuite. Pourquoi ? Bonne question. Mais avant ça, il va remettre des cadeaux à ceux qu’il a considéré comme des amis.
Le roman est très touchant dès le début. Leonard est un garçon attachant, il est perdu, le montre, l’explique, le sait et c’est là la force qui se dégage du livre. Nous avons un bon chapitre à chaque présentation d’un ami, et chaque histoire est émouvante. Que ce soit sa rencontre avec Walt, un vieil homme passionné de films qui lui permet de découvrir un pan de l’univers cinématographique, de connaître Humphrey Bogart et Lauren Bacall. J’ai été très touchée par ce vieil homme, atypique, dans son monde et surtout par leur relation autour du cinéma. Un autre des amis qui m’a franchement donnée une claque, c’est évidemment Herr Silverman, son prof. Je crois que je suis arrivée au travail en venant de finir le chapitre où il était présenté, et j’en ai parlé directement. C’est un prof tel qu’on aimerait en avoir tout au long de la scolarité, qui fait attention à ses élèves, les salue un à un, les pousse à réfléchir et non pas à « juste » apprendre par cœur les dates. Il prend en compte les spécificités de chaque élève et ne semble pas porter de jugement ni de préférence. Il ne se soucie pas non plus de ce qu’on pourrait penser de lui. Bref un gros coup de cœur pour ce personnage.
« Un jour, alors qu’on discutait après son cours, Herr Silverman m’a expliqué que quand quelqu’un se comporte mieux que les autres, même si c’est pour le bien de tous, les gens médiocres lui en veulent parce qu’ils ne sont pas assez courageux pour faire de même.»
Le gros point fort du roman est sa justesse. Les questions posées par Leonard, les interrogations qu’il peut ressentir, tout nous ramène à notre propre adolescence même si nous n’avons pas été en proie à la programmation d’un meurtre suivi de son suicide. Au cours de ce roman, on s’interroge sur l’adolescence, sur la religion, sur la mort, sur les choix de vie, sur l’Histoire, sur l’intégration, sur le secret, sur l’absence, sur la difficulté de grandir. Bref plein de thèmes différents qui nous sont évoqués, qui sont traités de façon juste, sans nous paraître trop synthétique, il nous reste une trace de chacune de ces thématiques en refermant le roman.
Leonard est un ado isolé, son père a disparu de la circulation, sa mère est partie vivre son rêve. On le voit tenter de s’en sortir, de grandir. Une de ses activités m’a particulièrement touchée, c’est lorsque certains jours, il se déguise en adulte (costume + attaché case vide) et qu’il va prendre le métro, adoptant l’humeur du gros de la foule – en gros tirer la tronche, et qu’il suit l’adulte qui lui semble le plus triste. Il est tellement à la recherche d’un adulte pouvant être heureux d’aller travailler, ça m’a vraiment émue (d’autant que je lisais ce roman dans les transports et que je n’avais qu’à lever les yeux pour constater la part de vérité).
« Prouve-moi qu’on peut être à la fois adulte et heureux. S’il te plaît. On vit dans un pays libre. Tu peux faire ce que tu veux. Être qui tu veux. On nous apprend ça à l’école, mais si tu continues à prendre ce métro pour aller dans un endroit que tu détestes, je vais commencer à croire que les profs sont des menteurs, comme les nazis qui disaient aux Juifs qu’on les déplaçait dans des usines pour les faire travailler. Ne nous faites pas ça. Dites-nous la vérité.»
Ce roman nous touche, nous marque et surtout alors qu’on a l’impression d’être déjà conquis, il y a des lettres qui apparaissent. Qui nous semblent incongrues. Qui nous interrogent. Qui nous laissent sceptiques. Qui nous émeuvent. Jusqu’à ce qu’on comprenne finalement ce qu’elles sont et qu’elles nous serrent le cœur encore davantage.
Leonard est un personnage auquel je repenserai régulièrement et Pardonne-moi, Leonard Peacock est un roman que je conseillerai sans retenue, avec une émotion ancrée. Je pense à Leonard chaque jour en prenant le RER et je peux lui dire, oui certains adultes peuvent être heureux.
Mon petit coeur palpite et se brise à nouveau ♥ Tes mots sont tellement juste, ce roman est tellement profond, Leonard, Walt et Herr Silverman sont tellement géniaux ♥
Cette histoire laisse une trace indélébile !
Je reste aussi marquée par Leonard jouant l’adulte, à la recherche de l’adulte heureux. Et la citation que tu en as gardé, je lai relu plusieurs fois tant j’ai trouvé ce passage fort ♥
J’ai hâte de voir un autre roman YA de Matthew Quick !
Je suis contente de voir que ma chronique te renvoie à ta lecture 🙂 et Je suis contente de voir que nous avons tilté sur les mêmes choses !
Pareil que toi, vivement un autre roman de lui en YA, cela dit j’ai repéré un de ses titres en adultes, on l’a commandé au boulot ya un mois … Pour le moment je le laisse tourner au public, mais dès que j’aurai plus de temps, je le tenterai 🙂
Lui ça fait un moment qu’il me fait de l’oeil, ce livre… Avant même qu’il sorte en VF. J’espère bien le lire un de ces quatre!
J’espère que tu auras l’occasion de le lire sous peu et surtout qu’il te plaira après autant d’attente ! 🙂
C’est fou, moi aussi j’y pense en prenant les transports en commun 🙂 J’ai beaucoup aimé aussi, mais j’ai trouvé que l’auteur aurait pu creuser encore un peu plus son sujet, je suis restée un peu sur ma faim, à vrai dire.