J’avais eu l’occasion de repérer ce titre lors de la présentation de la rentrée littéraire pour le boulot et finalement Babelio m’a proposé de le recevoir grâce à une Masse Critique spéciale. Je remercie donc Babelio et Belfond pour leur confiance et leur envoi. Après la réception, nous avons mis en place une lecture commune avec la Tête dans les livres dont vous trouverez l’avis ici.
Mêlant Histoire et histoires, ce roman nous plonge dans la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Si vous n’avez pas les détails de la catastrophe en tête, ne vous inquiétez pas, Darragh McKeon vous les donnera et vous fera vivre cette période grâce à plusieurs personnages à la vie différente. En effet, nous suivons quatre personnages principaux, tous liés d’une certaine façon. D’abord, le roman s’ouvre avec Evgueni, un jeune pianiste prodige de neuf ans, qui se fait harceler par d’autres garçons. Puis nous enchaînons avec les autres personnages principaux : Grigori, un chirurgien réputé qui semble mener une vie plutôt solitaire, consacrée au travail ; Maria, une jeune femme ouvrière qui semble mener un combat contre elle-même et enfin Artiom, un adolescent qui va vivre ses premiers pas en tant qu’homme. Tous vont vivre la catastrophe de Tchernobyl d’une façon différente, plus ou moins impliquée. Les personnages secondaires permettent également d’avancer et d’aborder d’autres points de l’époque (l’importance du régime, la naïveté face à l’horreur …). Cependant, un regret : j’ai eu du mal à m’attacher aux héros, à m’intéresser à tout ce qui les concernait en dehors de l’Histoire. Si Grigori et Maria m’ont finalement émue, Evgueni m’a laissée froide et m’a agacée à de nombreuses reprises.
Dès le début de la catastrophe, les descriptions de Darragh McKeon font froid dans le dos, surtout quand on se souvient qu’il s’agit d’une histoire qui a réellement eu lieu et surtout que c’était il y a peu de temps finalement. Imaginez qu’en 1986, il était tellement important de soutenir le régime, il était impensable qu’une erreur, qu’un accident puisse avoir lieu que dans le manuel d’urgence, la procédure en cas de problème a été rayée au marqueur noir. L’auteur nous permet de nous infiltrer dans cette époque, de la vivre, de retrouver nos cours d’histoire avec davantage de détails. Voir l’impuissance de ceux qui comprennent les enjeux, les problèmes de santé publique et environnementaux ne peut que nous glacer. Voir la puissance du régime, l’obligation de s’effacer pour ne pas le contredire et se souvenir que tout ça n’a eu lieu qu’il y a une trentaine d’années.
Les opérateurs tétanisés essaient de comprendre. Il y a bien quelque chose à faire. Mais quoi ? Il y a forcément un bouton à pousser, une série de codes à rentrer, une procédure : il y a toujours une procédure. Par miracle, ils retrouvent le manuel des opérations, humide mais utilisable. Arrivent à la bonne section. La section existe donc… Un titre : « Procédure d’opération en cas de fusion du réacteur ». Un bloc noirci à l’encre, sur deux pages, cinq pages, huit pages. Tout le texte a été effacé, les paragraphes masqués sous d’épaisses lignes noires. Pareil évènement ne peut être toléré, ne peut être envisagé, on ne peut pas plus prévoir une telle chose qu’elle ne peut se produire. Le système ne dysfonctionnera pas, le système ne peut dysfonctionner, le système est la glorieuse patrie.
Le style de Darragh McKeon est vraiment très fluide, on déguste les pages sans s’en rendre compte, on les dévore. Pour tout vous dire, on échangeait des mails avec la Tête dans les livres et j’étais plutôt à la bourre dans ma lecture, je me suis finalement plongée dedans un soir et un matin et pouf il était fini sans le réaliser. Le texte est vraiment qualitatif, malgré un sujet difficile, noir, on ressent tout du long un espoir, un côté poétique à cette histoire. Tout comme le titre, on se sent dissout dans l’histoire, à travers une écriture imagée, poétique. Les descriptions faites de l’URSS sont magnifiques, j’ai eu envie de faire des recherches pour certains sites comme les Sept Géants de l’Oural dont je n’avais jamais entendu parler je dois confesser.
En bref une très jolie découverte qui, si elle n’est pas un coup de cœur suite au non-attachement aux personnages, que je ne peux que conseiller. Un récit qui vous permet de découvrir une période historique proche de nous, que l’on ne connaît pas forcément en détails, dont on imagine pas tous les tenants et aboutissants. Une écriture juste, réaliste, poétique. Bref un roman émouvant.
Ping :Tout ce qui est solide se dissout dans l’air de Darragh McKeon | La tête dans les livres
Un livre que j’ai très envie de lire !
Il est vraiment chouette ! J’espère qu’il te plaira si tu as l’occasion de le lire 😉
Je suis d’accord, l’écriture de l’auteur était plutôt agréable! Et j’ai aussi froid dans le dos en lisant les descriptions et en pensant que ce n’était pas si loin dans le temps! Merci encore pour cette lecture commune 🙂
Oui, il se lit très vite et surtout c’est un très joli premier roman qu’il a écrit là !
Et merci à toi aussi pour cette lecture commune <3 C'était un plaisir !
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Je partage ton avis même si j’ai ressenti moins de distance que toi avec les personnages. 🙂 Un roman poétique pour parler de Tchernobyl… Je l’ai trouvé vraiment épatant !
Du coup tu te rapproches encore un peu plus du coup de coeur 🙂
Un joli premier roman effectivement !
Entièrement d’accord avec ton avis. J’ai beaucoup aimé ce roman, mais j’ai été gêné par les personnages auxquels je ne me suis pas attachée… :/
Oui on s’y attache un peu tard au final :/
Contente de voir que tu as eu le même ressenti en tout cas 😉