Des hommes couleur de ciel

Des hommes couleur de ciel, Anaïs Llobet

Des hommes couleur de ciel

Depuis quelques temps déjà, je zieute régulièrement les parutions des éditions de l’Observatoire, car j’y trouve toujours de belles surprises. Je dois avouer être sous le charme de leur ligne éditoriale et les nouveautés me font souvent de l’œil. En regardant les livres de la rentrée littéraire, j’avais donc repéré Des hommes couleur de ciel dont les thèmes m’intriguaient. Et aussitôt reçu, aussitôt lu. Et aussitôt sous le charme.

Un « wow effect » dès les premières pages

Dès l’ouverture du roman, le lecteur est sous le choc, emporté à La Haye alors qu’un attentat vient de se produire dans un lycée. Nous faisons la connaissance d’Adam, jeune homme dans un café qui se fait arrêter par la police. Police qui l’interpelle en l’appelant Oumar. Cet homme est le frère du principal suspect de l’attentat. En effet, il a été rapidement établi que le coupable était un lycéen tchétchène et il n’y en avait qu’un dans ce lycée : Kirem. Rapidement, une troisième personne apparaît dans notre histoire, une troisième tchétchène : Alissa, prof de russe au lycée. Jusqu’à maintenant, elle s’est toujours présentée comme une immigrée russe, plus simple, moins polémique. Pourtant, là, elle va devoir aider la police à comprendre.

Des personnages incroyables

Vous l’aurez compris, nous avons là trois personnages forts. Oumar est un jeune homme bien intégré qui a pourtant gardé des traces de l’homophobie de son pays. Pour s’extraire de ce carcan, il s’est inventé une autre personnalité : Adam. Quand il est Adam, il est libre, libre d’embrasser des garçons, libre de s’habiller comme il le veut, libre d’être lui-même. Pour autant, il reste méfiant et fait toujours attention à ne pas mêler Oumar et Adam. Autre modèle d’intégration : Alissa, devenue Alice. Dès son arrivée à La Haye, elle se présente comme une jeune femme russe pour éviter les questions, les regards. Elle n’a pas oublié son pays mais a choisi de s’intégrer totalement dans son nouveau pays, d’adopter ses us et ses coutumes. Pourtant, il n’est pas si facile d’oublier, de laisser la Tchétchénie derrière. Enfin Kirem, presque jumeau d’Oumar tant ils se ressemblent physiquement. Mais si le physique est semblable, leurs personnalités sont bien éloignées. Constamment en colère, il s’enferme dans cette rage et refuse de s’intégrer dans ce nouveau pays. Vous l’aurez compris, les personnages sont attachants. Et je dois avouer un attachement particulier pour Oumar qui m’a bouleversée.

Une écriture remarquable

Le rythme est fort, intense. On voit les interrogatoires se succéder et les retours en arrière nous permettent de mieux appréhender leurs vies. Liés sans être liés, ils ont tous les trois des points communs, des points d’accroche et pourtant leurs destins sont différents. Les narrations, les points de vue se succèdent et nous offrent la possibilité d’en savoir plus sur la Tchétchénie et les conditions de vie des habitants. Je ne sais pas vous, mais c’est un pays que je ne connais que peu, si ce n’est par sa montée d’homophobie et l’horrible traitement réservé aux homosexuels.

Les thèmes abordés ici sont forts et bien traités. On parle de quête d’identité, de quête de soi, d’homosexualité, d’intégration. Mais aussi de famille, de traditions, d’exil, de guerre et de la peur qui s’insinue dans les êtres. On évoque la montée de l’extrémisme et les attentats, la culpabilité, la violence … Bref le texte est riche et réussi.

En bref, Des hommes couleur de ciel c’est …

Anaïs Llobet signe ici un roman qui ne peut pas laisser indifférent et qui nous marque. Lorsque vous refermez ce roman, il est impossible de ne pas garder un peu d’Oumar et ses proches en soi. De ne pas repenser à eux. Ajoutez à cela un style plein de poésie, de justesse, de partage des émotions et vous aurez compris que Des hommes couleur de ciel est un indispensable de la rentrée d’hiver.

Loucy

Cyrielle, Bibliothécaire de 28 ans, blogueuse. J’aime lire (sans rire), les pingouins, les films, la musique (en jouer, en écouter), la noix de coco & la vanille. Mais surtout vous êtes sur mon bébé : Lou lit là, mon blog pour échanger autour de la lecture.

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Commentaires

2 réponses à “Des hommes couleur de ciel, Anaïs Llobet”

  1. Avatar de Le Chat du Cheshire

    Un livre bouleversant !

    1. Avatar de Loucy

      Exactement !! ♥️♥️

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