Présentation de l’éditeur
Les oeuvres d’art, l’histoire et l’existence humaine sont soumis au principe de la répétition. Partant de ses propres expériences et observations, les approfondissant en s’appuyant sur des philosophes comme Kierkegaard, Freud ou Deleuze, C. Laurens analyse ce qui pousse les artistes à répéter et comment sortir de ce processus, en art comme en amour.
Avis
Dans cet essai, Camille Laurens aborde la répétition, qu’elle soit bonne ou mauvaise … On parle de tout type de répétition ici, allant de l’amour à la rédaction, de la pédagogie à la famille …
J’ai adoré cet essai que je recommande vivement, une ode aux mots, aux répétitions qui ne sont pas forcément semblables. Le ton est juste, les citations très bien choisies et surtout on se retrouve dans de nombreuses situations.
J’ai beaucoup aimé le chapitre « Tchin tchin » qui raconte la même scène à quelques années d’intervalle. Si la première fois, elle est synonyme de rencontre, d’amour, la deuxième fois a lieu après la rupture, la scène se déroule au même endroit,avec les mêmes personnes, dans le même cadre et pourtant les choses ont changé, les regards ne signifient plus la même chose. Un très beau chapitre. L’évocation du journal de Benjamin Constant m’a fait beaucoup rire, et réfléchir, combien aurais-je de chiffre si je devais coder mes activités ? J’ai même eu envie de lire ce fameux journal à l’occasion …
Je note aussi une petite citation qui m’a ramenée des années en arrière lorsque j’étais en primaire, je me souviens avoir ressenti un peu la même chose que l’auteure.
« Maîtresse à l’oreille absolue, je faisais la leçon aux petits Dumas, Montesquieu, Boileau, Balzac, les sommant d’aller revoir leur copie ; j’aurais eu plus de travail encore avec Hemingway, qui refusait les variations mondaines, mais on s’en tenait à la littérature française. Les vrais cancres restaient George Sand et surtout Stendhal qui, ne laissant jamais refroidir son texte pour le relire à tête reposée, préférait écrire en courant la poste, semant en moins de dix lignes trois fois le mot « transport », deux fois le verbe « admirer » et trois ou quatre variations de l’amour. Même Gustave, le fayot de service, qui se relisait à voix haute dans son jardin pour s’assurer qu’il n’y avait pas deux fois le même mot dans la même page, laissait passer quelques boulettes, et pan sur les doigts ! » (pages 56 et 57).
Voici donc un essai à découvrir, qui se lit d’une traite et qui nous passionne !
Encore et jamais, Camille Laurens