Depuis quelques temps, on commence à voir apparaître des romans sur la transsexualité et jusqu’à maintenant, je dois dire que j’étais souvent restée sur ma fin. En voyant Celle dont j’ai toujours rêvé, j’étais très curieuse (et une couverture aussi jolie ne pouvait que m’attirer !) et j’ai foncé dessus dès que possible. N’en faisons pas de suspense, je l’ai dévoré puisque je l’ai lu entre mon trajet du matin et mon trajet du retour (et ma soirée). Oui, je n’ai pas su le lâcher de la journée (mise à part le moment où j’étais au boulot !).
Nous suivons l’histoire d’Amanda qui arrive dans une nouvelle ville, dans un nouveau lycée après avoir emménagé avec son père qu’elle n’avait pas revu depuis le divorce de ses parents. Amanda change de ville après avoir été agressée par une fille dans les toilettes d’un centre commercial. Lorsqu’elle arrive dans ce nouvel environnement, elle décide de rester discrète et de cacher son plus gros secret : avant, elle était Andrew. Mais les choses deviennent plus compliquées lorsqu’elle rencontre Grant, qui la séduit peu à peu.
Ce roman aborde donc la transsexualité d’accord, mais aussi la quête d’identité. Amanda a toujours su qu’elle était une fille et cela a été difficile pour elle de grandir dans la peau d’un garçon. On sent tout son mal-être qui est présent lors des flash-backs. Une scène du début m’a particulièrement bouleversée, lorsqu’Andrew vient de faire une tentative de suicide et qu’il parle avec sa mère. Les mots de la mère sont juste … parfaits !
– Et si ton fils te disait qu’il était ta fille ?
Ma mère a gardé un instant le silence. J’ai repensé à ce que j’avais écrit au conseiller, sur ce carnet « J’aurais dû être une fille. »
Enfin, elle a croisé mon regard. Malgré ses joues rondes et rouges, elle avait l’air remontée.
– Écoute-moi bien.Elle m’a serré la jambe si fort que la douleur a traversé le brouillard créé par les médicaments. Quand elle a parlé, elle avait toute mon attention.
– Mieux vaut n’importe quoi, n’importe qui, qu’un fils mort.
Nous suivons donc l’arrivée d’Amanda dans cette nouvelle vie et avec ce bouleversement, on suit la relation père-fille qui en découle. On aborde également les secrets pour correspondre à ce qu’on attend de nous, surtout dans une petite ville des Etats-Unis. En effet, grâce à la bande de copines que se fait Amanda, on voit plus loin que la transsexualité. On voit aussi l’homosexualité, la difficulté d’être soi. Avoir placé ses personnages dans une petite ville avec des personnages transphobes et homophobes met en valeur toutes les embuches mises en travers du chemin pour être soi. Cela étant, cela reste très réaliste car malheureusement il reste de nombreuses personnes intolérantes et cela pourrait avoir lieu n’importe où.
Meredith Russo aborde de nombreuses thématiques importantes comme le suicide et la dépression, le harcèlement, l’adolescence et ses changements, les relations avec autrui (amour, amitié, relations avec les parents), le premier amour. Bref tout s’emboîte à merveille et on est complètement ferré. Totalement incapables de lâcher le livre pour découvrir ce qui arrivera ensuite.
Les personnages sont vraiment réussis. Amanda est une héroïne forte et courageuse qui nous montre ses envies et ses angoisses. Les personnages secondaires sont également intéressants et permettent d’aborder pas mal de choses différentes. J’aurai aimé toutefois en savoir un peu plus sur certains, notamment sur Tommy.
L’idée des flashbacks nous entraînant au début du parcours d’Amanda permet aussi de voir la difficulté du changement. On peut aussi voir l’acceptation des parents, particulièrement de la mère. On voit aussi comment les autres se comportaient avec Andrew et comment cela l’a touché.
En bref, Celle dont j’ai toujours rêvé c’est …
Le roman est vraiment très réussi et peut être une bonne introduction à la thématique. En effet, comme le dit d’ailleurs l’auteure à la fin du livre, il s’agit d’une possibilité de parcours et non pas d’un exemple à suivre. Nous suivons une jeune fille qui reste « simple : personne ne se doute de son changement, elle aime les garçons, elle est féminine … Bref, c’est un premier exemple possible pour mieux connaître la vie des personnes transgenres. Mention particulière pour la note de l’auteure en fin d’ouvrage avec une liste d’associations à contacter en cas de besoin.
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