Autant le dire tout de suite, je pense que cette chronique de La Lune est à nous sera la plus personnelle de l’histoire du blog et le restera sans doute ensuite. Et c’est sans doute pour ça que je mets du temps à l’écrire d’ailleurs. Avant toute chose, vous le savez, j’ai toute confiance en l’écriture de Cindy Van Wilder. Humainement, c’est d’ailleurs une personne qui me touche, je la trouve juste, j’aime les choses qu’elle met en valeur régulièrement sur son Twitter. Bref, je savais qu’elle était dans le body positive, et clairement grâce à La Lune est à nous, le mouvement gagne un roman de grande qualité pour aborder la question.
Nous faisons la connaissance de nos deux héros : Olivia et Max. Tous deux sont des « hors normes », des « grandes tailles », ils sont gros quoi. Olivia tient une page Instagram « Curvy Grace » dans laquelle elle est elle-même, elle montre que la mode peut aller à n’importe quel gabarit. Le tout sans Photoshop bien sûr. C’est grâce à cette page que les filles des « Trois Grâces », une chaîne Youtube, l’ont repérée et lui ont proposée de les rejoindre suite au départ de l’une d’entre elle.
Malheureusement cette histoire se retourne contre Olive qui doit affronter une campagne de cyber harcèlement. Honnêtement, j’ai eu mal pour Olivia. La scène dans le parc m’a traumatisée. Alors qu’Olivia s’apprête à relever l’équivalent de l’Ice Bucket challenge (en bikini rouge), un homme l’agresse. Et oui, Olivia gêne ce monsieur car elle est noire ET grosse. C’est vrai que c’est tout de même plus que gênant d’oser se montrer en bikini quand on a un physique pareil. Et vraiment, je me suis mise à la place de l’adolescente et j’en tremblais de rage pour elle.
A ses côtés, nous faisons la connaissance de Max. Nouvellement arrivé en Belgique suite au divorce de ses parents, il doit se faire à son changement de vie. Entre l’apprentissage du néerlandais (et ça n’a pas l’air simple !) et la gestion de crise au sein du foyer, Max se retrouve un jour au Dépôt. Lieu associatif qui prône la tolérance. Là il fera la connaissance d’Olive durant la fameuse scène dont je parlais au-dessus. Entre Max et Olivia c’est la reconnaissance immédiate. Cet échange de regards qui dit « je te connais, je te comprends, je sais ce que tu vis ». Et wow, c’est tellement intense.
Pas d’histoire d’amour mais une amitié forte et simple. Autour d’eux, les amis du dépôt avec une mention spéciale pour Imane et Seb. Mais surtout une pensée particulière à l’adulte du lieu : Val et son engagement. Val qui est là pour eux, pour les guider, pour leur donner confiance. Mais surtout Val et sa bibliothèque. Car oui, dans ce roman vous allez trouver des références qui vous donneront envie de (re)lire certaines œuvres fortes comme No Home de Yaa Gyasi, King Kong théorie de Virginie Despentes ou encore Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie.
La Lune est à nous permet d’aborder de nombreux thèmes plus qu’importants : le cyber harcèlement (et le harcèlement tout court), les droits LGBT, le coming out et sa difficulté, l’acceptation de soi et les complexes, Youtube et la recherche de la perfection / du clic. Bref, nous sommes dans une ambiance très actuelle, très forte. Mais surtout très juste.
[Attention voici la minute perso]
Olivia m’a particulièrement touchée, je me suis reconnue dans son envie de dire merde à la mode faite pour les tailles standards. J’ai ressenti un écho dans ses mots quand on se dépasse pour faire fi du regard des autres et qu’on sent sa détermination s’évaporer rapidement. Comme Olivia, j’ai toujours eu un entourage positif autour de moi. Je n’ai jamais vécu de harcèlement, mais je pourrais parler de complexes un long moment comme de nombreuses personnes malheureusement.
Si je n’ai jamais vécu de moqueries ni même de réel handicap à cause du poids, certains réflexes sont pourtant là. Alors oui, je n’ai jamais eu de difficulté à me faire des amis ou dans mes relations amoureuses, cela ne m’a pas posé problème pour le monde du travail non plus. Mais des mécanismes de défense sont là. Quand on parle de soucis de poids, de personnes en surpoids, je suis mal à l’aise.
Pourtant, j’ai perdu beaucoup récemment mais les réflexes restent. C’est un truc que beaucoup de gens ne pourront jamais réaliser complètement finalement. Pas sans problèmes de poids (que ce soit en trop ou en moins hein). On ne sait pas ce que c’est que de vouloir disparaître lorsqu’une collègue présente un roman sur une personne en obésité morbide, même si elle ne pense pas à mal. Elle n’y pense sans doute même pas d’ailleurs. Mais vous, vous pensez que tous les regards sont sur vous. Pourtant, je ne suis plus à ce stade de poids cependant, je sais que j’aurai toujours ce réflexe de recroquevillement.
Bref ce que je cherche à dire dans tout ça, c’est que Cindy a réussi à mettre cet état en mots et c’est parfaitement juste. On voit la dualité, l’envie d’être « normal », d’oublier les autres et en même temps la difficulté de s’accepter totalement. Comment vous dire à quel point j’ai compris l’appréhension de Max pour la danse ?
En bref, La Lune est à nous c’est …
Finalement je pourrais conclure en vous disant que La Lune est à nous est un roman parfait. Entre ses personnages forts et émouvants, mais surtout marquants, ses thèmes nécessaires et maîtrisés, tout est là. On ne peut pas quitter Olivia, Max, Imane, Seb et les autres. Pas comme ça, pas sans les regretter. Je suis certaine qu’ils vont m’accompagner encore un long moment. Mais surtout me pousser à franchir les limites et me dépasser à mon tour. Et pour ça Cindy, je ne peux que te remercier. Merci d’écrire ces histoires, de mettre en lumière ces héros.
Laisser un commentaire