Tout a commencé avec un post Instagram de la maison d’édition Stock qui présentait Le monde dans 5 m². Et ce visage dessiné sur la couverture, ce regard … J’ai tout de suite eu une intuition. Ajouté à cela la présentation et … il faut le dire le nom de l’autrice. Soyons honnêtes, vous le savez si vous êtes assidus sur le blog, la mère de Valentine Cuny-Le Callet fait partie de mes autrices fétiches. J’ai eu la chance de la recevoir deux fois dans mon précédent emploi, j’ai aimé tout ce qu’elle a écrit … Bref, ce nom a forcément attiré mon attention. MAIS un nom ne fait pas tout (que ce soit en positif ou en négatif) et je n’allais pas coller tout un tas d’attentes injustes sur le livre de Valentine Cuny-Le Callet. Non, une fois dans le livre, j’ai oublié sa filiation (tout de même je ne suis pas comme ça !). Et comme je le pressentais, Le monde dans 5 m² a été une claque, un coup au cœur, une source de réflexions.
Pourquoi cet attrait ?
Pendant des années, j’ai voulu vivre cette aventure : écrire à un condamné à mort. Mais j’ai toujours eu quelque chose qui me retenait : peur de ne pas réussir à aller au-delà du crime commis / d’être trop fragile si la personne était innocente / peur de décevoir la personne si je n’arrive pas à tenir le rythme d’écriture … Bref, je ne me suis jamais lancée. J’étais donc très curieuse de lire cette aventure par procuration grâce à Valentine Cuny-Le Callet. Et elle nous transmet cette aventure sans artifice, de façon très simple et évidente finalement.
Alors qu’elle a 19 ans, elle décide de se lancer dans la correspondance avec un condamné à mort grâce à l’ACAT (Action chrétienne contre la torture et la peine de mort). Pas besoin d’être croyant pour y participer, l’association se veut œcuménique. Rapidement, on lui attribue un homme : Renaldo McGirth. Elle ne le cherchera pas sur Internet, ne voudra pas savoir ce qui a causé sa condamnation avant qu’il n’en parle de lui-même. Ils partiront sur un pied d’égalité : en connaissant uniquement leurs noms respectifs. Et commence alors un échange épistolaire, des échanges de dessins.
Et Renaldo dans tout ça ?
Les mots de Renaldo sont très touchants, grâce au partage d’extraits de ses lettres, on voit son quotidien en prison. Qu’il soit coupable ou non, peu importe, ses réflexions pleines de justesse sont là, son histoire, ses souvenirs … Bref, on apprend à connaître cet homme et il nous pousse à nous interroger. Pas forcément par ses mots ou ses lettres, mais par sa condition.
La peine de mort
Valentine Cuny-Le Callet écrit : « Je n’arrive pas à concevoir les horreurs pour lesquelles ont été condamnés les hommes que j’ai vus dans le couloir de la mort. Cette violence me dépasse. Mais celle des institutions envers eux me dépasse tout autan ». Je pense que tout est là, dans ces phrases. On peut ne pas être d’accord et être révolté par la violence des crimes, c’est tout à fait normal, mais doit-on pour autant vouloir la peine de mort ? Alors que dans tant de cas, elle devient inhumaine, il suffit de lire les nombreux témoignages existants. Ceci n’est pas un débat pour ou contre la peine de mort, mais il me semblait nécessaire de rappeler que ce n’est pas car on écrit à un condamné à mort que l’on accepte tous les crimes.
En bref, Le monde dans 5 m² c’est …
Le monde dans 5 m² est un récit riche, fort, intense. Il nous plonge dans la vie de deux individus durant quelques années. On s’attache à leur amitié que l’on voit naître, on s’interroge sur les conditions de vie des détenus mais aussi sur notre condition. On a de la chance d’être du bon côté, d’être libres et de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, faire de nouvelles expériences avec facilité. Ces 200 pages nous le rappellent, nous émeuvent et nous font réfléchir. Voilà un des livres de 2020 à lire et à partager. À votre tour, lisez-le.
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