Je dois dire que Barbe Bleue est un de mes contes favoris. Certes, ce n’est pas du tout le plus joyeux, c’est même un des plus sanglants … Mais que voulez-vous ? Je trouve ce conte fascinant. On y trouve de l’action, du suspense, de l’horreur, et surtout on peut en faire une tonne d’interprétation. Pourquoi la Barbe bleue ? Les diverses variantes qui en existent … Il est de plus terriblement actuel alors qu’on préférerait ne pas compter autant de féminicides … Et contrairement à beaucoup de contes, pour celui-ci, on a choisi de garder le nom du bourreau. Pourquoi ?
Bref, je succombe (haha) à toutes les adaptations et la curiosité est si difficile à faire taire. Alors une adaptation avec les illustrations de François Roca ? Je ne pouvais pas louper ça !
Et ça donne quoi cette version alors ?
Charlotte Moundlic développe une version intéressante du conte. On y voit davantage les sœurs de la cadette mais pas que. Elle montre aussi un peu de l’enfance du terrible bourreau, on pourrait presque avoir de la pitié pour lui (presque !). On retrouve les thèmes du conte : la curiosité et le féminicide. Mais on en développe également d’autres comme la sororité, le consentement et donc l’enfance de Barbe Bleue. L’autrice choisit également de développer le thème de la différence que ce soit par celle de Barbe Bleue ou par celle de la famille de l’épouse. Elle nous conte le destin de cette famille désargentée jusqu’au destin terrible de la cadette, devant épouser le monstre.
François Roca, comme à son habitude, sublime l’histoire. Ses magnifiques huiles et aquarelles nous entraînent au XIXe siècle dans la campagne anglaise. Luxe, vie de château mais aussi noirceur et cruauté sont au rendez-vous. Les portraits des personnages sont sublimes et nous offrent de véritables tableaux. On passe un temps fou sur chaque illustration, dont le format permet une belle mise en valeur.
En bref, A l’ombre de Barbe Bleue c’est…
Soyons honnête, j’étais conquise avant la lecture. La couverture montrait déjà que les illustrations me convaincraient (ça et mon amour pour François Roca comme vous l’aurez compris), mais le texte de Charlotte Moundlic est également très réussi et permet d’aller encore plus loin. De monter en gamme encore dans l’interprétation du conte. J’avais adoré la Barbe Bleue d’Elsa Oriol dont je me sers très régulièrement pour mes animations, mais désormais, j’alternerai entre ces deux versions.
Un joli coup de cœur pour ce grand album !