Wave, Sonali Deraniyagala

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Présentation de l’éditeur

Le matin du 26 décembre 2004, un tsunami frappe l’Océan indien. Sonali Deraniyagala, en vacances au Sri Lanka, son pays natal, en réchappe miraculeusement. Mais, de sa famille, elle est la seule. La vague lui a pris ses parents, son mari et ses deux petits garçons. Wave raconte l’histoire de ce jour, où elle a tout perdu, et de tous ceux qui ont suivi. Les mois, les années lorsque l’insupportable déchirement du souvenir succède aux premiers moments d’horreur. La matière de ce livre, c’est la peine impalpable, indescriptible de la narratrice. Sonali Deraniyagala réussit un récit poétique, sans concession et incroyablement digne sur comment survivre à l’inimaginable.

Avis

Merci à Benoît des éditions Kero pour l’envoi de ce livre, que je n’aurai peut-être pas lu sinon, par crainte d’être légèrement traumatisée par cette histoire vraie. D’autant que si j’ai lu de nombreux témoignages plus jeune, je ne suis plus tellement adepte de ces lectures.

Autant le dire tout de suite du coup, oui, c’est une lecture assez dure, oui j’ai eu les larmes aux yeux, mais je n’ai pas été « plombée » lorsque j’ai refermé le livre.

Wave nous raconte l’histoire de Sonali Deraniyagala, jeune femme partie en vacances avec son époux, ses deux fils et ses parents, au Sri Lanka pour fêter Noël. Nous sommes en 2004 et le tsunami arrive. Elle sera la seule survivante de sa famille. Nous le savons dès le début, pourtant le lire est un choc, elle nous confie les derniers instants avec ceux qui lui sont le plus cher.

Divisé en neuf parties, nous avançons dans l’histoire de Sonali. La première partie est consacrée à l’horreur : la vague. Comment elle a tout perdu en quelques instants. Puis les chapitres suivants nous montrent « l’après », la reconstruction (si elle est possible), comment continuer à vivre après le drame. Pudique, elle nous raconte les difficultés, on se met à sa place en lisant certaines phrases, certaines émotions passent et les larmes me sont montées aux  yeux à plusieurs reprises. Cajou parle dans sa critique d’un « soulagement » ressenti à la lecture et je ne peux qu’être d’accord avec elle, on ne peut qu’être soulagée, égoïstement, que ce ne soit pas nous à sa place. Pourtant, je n’ai pu m’empêcher de m’interroger sur la force dont l’auteure fait preuve, en aurais-je été capable également ? C’est avec admiration pour cette femme que j’ai lu chaque page, me demandant comment elle avait fait, voulant savoir où elle en était.

Par moments, je me sens responsable de leur mort. Je dois payer pour avoir été une mauvaise mère, celle qui a causé leur disparition. Nous les avons emmenés au Sri Lanka cette semaine-là, Steve et moi. Même si c’est une histoire de tectonique des plaques, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils ont été tués et qu’ils comptaient sur moi pour les protéger. J’hésite à parler de l’intensité avec laquelle je les couvais, la confiance aveugle qu’ils avaient en moi.

Nous ne sommes pas dans un livre où les actions sont importantes, ici le souvenir est presque un personnage à part entière tellement sa présence est primordiale. Nous retournons sur les lieux de la catastrophe, nous revivons les flashbacks, nous repartons dans le passé pour mieux comprendre la vie.

Parfois, j’ai perdu pied, oubliant presque qu’il s’agissait d’une histoire vraie, et furtivement je me suis dit qu’il était dommage de ne pas savoir ce que les autres avaient pensé, pourtant aussitôt on remarque que la réflexion est stupide, futile et surtout impossible. Nous sommes dans une écriture pour soigner les maux, pour mettre en forme la douleur, pour montrer l’évolution du deuil.

Juger la qualité littéraire du texte est compliquée, on est emportés malgré les répétitions que l’on pardonne, que l’on sent nécessaires pour l’auteure. Plus qu’un livre sur la tragédie, il s’agit là d’un livre qui montre l’espoir de survivre au deuil. En fermant le livre, on ne retient que la force de Sonali Deraniyagala.

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Loucy

Cyrielle, Bibliothécaire de 28 ans, blogueuse. J’aime lire (sans rire), les pingouins, les films, la musique (en jouer, en écouter), la noix de coco & la vanille. Mais surtout vous êtes sur mon bébé : Lou lit là, mon blog pour échanger autour de la lecture.

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Commentaires

9 réponses à “Wave, Sonali Deraniyagala”

  1. Avatar de Johanne

    Ce roman me plait de plus en plus, il a l’air très poignant…

    1. Avatar de Loucy

      Tu me diras si tu craques et le lit du coup ! 🙂

  2. Avatar de PrettyBooks

    Effectivement, ce témoignage est très poignant et je crois vraiment qu’il a été nécessaire pour que cette femme puisse se reconstruire. Je pense qu’il me marquera longtemps.

    1. Avatar de Loucy

      Je pense aussi que ce témoignage lui était nécessaire, je lui souhaite désormais d’achever sa reconstruction. Cette femme me marquera en tout cas !

  3. Avatar de Cajou

    C’est vraiment un très beau billet, très vrai, qui touche vraiment du doigt ce qu’est ce livre : un travail de deuil plus qu’un roman. Comme toi, je me suis parfois dit « Oh, elle aurait dire écrire comme ci, comme ça… » avant de me figer et de ne me dire « Mais enfin, non, elle avait juste besoin de sortir tout ça hors d’elle ».
    Vraiment, j’aime beaucoup beaucoup ton billet que je trouve très juste.
    Cajou

    1. Avatar de Loucy

      Ohhh <3 Merci, ça me touche beaucoup ce que tu écris ! J’ai mis du temps à le sortir sur papier, le potassant dans ma tête depuis un moment, je suis émue que tu le trouves aussi juste 🙂
      (Et contente de voir que je n’ai pas été la seule à me faire ces réflexions !).

  4. Avatar de Cajou

    D’ailleurs il est tellement beau, ce billet, que je vais le mettre en lien à la fin du mien !

    1. Avatar de Loucy

      Merci Cajou <3

  5. […] #3 : Wave, S. Deraniyagala  […]

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