Il y a quelques temps déjà j’ai eu l’occasion de visiter les nouveaux locaux des éditions Lumen et j’en ai profité pour échanger quelques mots avec Cécile Pouchain, la fondatrice. Nous avons eu l’occasion d’échanger sur elle, son métier et bien sûr sur Lumen !
Loucy : Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?
Cécile : Je suis Cécile Pournin, directrice éditoriale de Lumen et fondatrice du Label. Je suis traductrice (fantasy et jeunesse) et éditrice. Mais j’ai eu envie de revenir vers le roman jeunesse il y a maintenant 5 ans vers mars 2014. J’ai suivi des études de langues puis un master de traduction littéraire pour être traductrice ou interprète. J’ai fait un stage chez Flammarion, ce fut mon seul contact en édition, j’ai tout appris sur le tas. J’avais la volonté de travailler dans le domaine des livres, mais pas le talent pour écrire. Mon premier métier reste traductrice.
Sur Lumen
L : Et maintenant, peux-tu présenter Lumen pour ceux qui ne connaissent pas la maison d’édition ?
Cécile : Lumen est un label jeunesse, ados et jeunes adultes. Il commence à partir de 8 ans. C’est avant tout un label de divertissement. Il y a peu de texte sur l’introspection, la difficulté d’être adolescent. Pas d’angoisse adolescente. Il y a une volonté d’évasion en lisant, du thriller, de l’imaginaire et un texte réaliste par an en moyenne.
L : Des textes pour les plus jeunes ?
Cécile : Avant, dans l’idée, cela devait être que du YA, mais la lecture des Gardiens des cités perdues a tout changé. Ce fut un coup de cœur pour le texte, même si le label ne voulait pas être jeunesse. La maison d’édition a donc évolué grâce à ce coup de cœur.
L : Qu’en est-il du suivi d’auteurs ? Du choix des textes ?
Cécile : En fonction des textes, on suit un auteur que l’on édite mais on garde toujours un regard. Je lis tout ce qui est présenté d’un auteur ensuite je regarde en fonction de la ligne éditoriale de Lumen. Mais cela change en fonction des auteurs, par exemple avec V.E. Schwab il y a un gros feeling et on a donc intégré Vicious dans le catalogue alors que c’est un texte plutôt adulte mais qui est un coup de cœur. Se pose d’ailleurs la question de développer le côté adulte un jour.
Finalement, on peut dire que la ligne éditoriale dépend aussi beaucoup de mes coups de cœur. Pendant un moment par exemple, il y a eu un peu moins de Middle Grade dans les parutions Lumen, ce qui est moins le cas pour 2019. Les textes édités par Lumen sont tous des coups de cœur.
L : Et quels sont tes favoris chez Lumen du coup ?
Cécile : En 2019 : Vicious ! Depuis la création : The Memory book.
Sur le métier
L : Quelle est ta journée type ?
Cécile : J’ai deux casquettes : directrice éditoriale et cheffe d’entreprise. Côté directrice éditoriale, je trouve des textes, je cherche sur Internet, Netgalley, Amazon et d’autres sites pour voir qui est signé. Je reçois des propositions d’agents littéraire qui proposent des textes aussi. Je lis ces textes dès que j’ai 5 minutes de libre, il faut aimer lire pour ce métier. J’annote tous les textes ce qui ralentit d’ailleurs mon temps de lecture. Je suis les marchés US, anglais et japonais. Et je garde du temps pour la relecture des traductions.
À côté de cela, je coordonne le travail de tout le monde : je pitche les textes acquis à l’équipe, je donne des idées sur un livre et je confie le bébé aux personnes de l’équipe pour adapter le texte à la maison. On se demande que faire d’original pour défendre le texte et le mettre en avant en période de surproduction ? Là, c’est plutôt le côté fondateur du label qui parle.
L : Penses-tu publier des auteurs français à terme ?
Cécile : J’ai fait des études de traduction, j’ai travaillé au Japon et aux Etats-Unis, c’est donc ce sur quoi je peux davantage faire la différence avec la littérature anglo-saxonne et japonaise. Toutefois, au cours des années, j’ai reçu des textes intéressants, aussi je ne m’interdis pas de le faire un jour.
L : Pour les traductions, comment fais-tu ? Tu as des personnes dédiées ?
Cécile : Je donne souvent du travail aux anciens élèves de mon master de traduction. Car au début, j’ai eu du mal à trouver, à obtenir des textes. Je fournis un test aux anciens du Master qui viennent d’en sortir et je les accompagne, car moi j’ai eu un coup de chance. À côté, nous avons aussi des traducteurs historiques de la maison, certains travaillent avec nous très régulièrement.
Les conseils
L : Quels seraient tes conseils pour devenir éditeur ?
Cécile : Si possible, faire un master d’édition. Monter un label de rien est très dur, le master est la voie royale même s’il y a peu de places et beaucoup de stages non rémunérés. Pendant le master, il est possible de se créer un réseau. Il est indispensable de bien choisir ses stages avec les maisons d’édition les plus prestigieuses possibles. C’est un secteur très fermé alors il faut être motivé, avoir de la chance, lire, se cultiver, créer son blog : cela montre une motivation, un profil intéressant.
L : Et tes conseils pour être auteur ?
Cécile : Se renseigner sur les règles orthographiques et typographiques ! Cela fait tout de suite plus professionnel, plus sérieux. Cela aide l’éditeur à prendre la personne au sérieux. Vous avez un livre un peu différent ? Allez -y ! Si vous êtes un complet débutant, jamais publié, n’envoyez pas de chapitres sans que le livre soit fini. Ce sera sans doute pour la gloire, mais il faut absolument boucler le manuscrit, aller jusqu’au bout et refermer tous les axes de l’histoire.
Cy : Et se mettre sur Wattpad ?
Cécile : Sans doute oui maintenant. C’est une nouvelle façon d’être vu, ça ne coûte donc rien d’ajouter cette voie.
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